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simultanément par nature, et ceci est vrai de la plupart d’entre eux. Double et moitié existent à la fois ; moitié existant, double existe aussi ; le maître existant, l’esclave existe ; l’esclave existant, le maître existe, et ainsi de reste. Il faut ajouter que ces choses se détruisent aussi réciproquement : s’il n’y a pas de double, il n’y a pas de moitié ; s’il n’y a pas de moitié, il n’y a pas de double, et de même pour tous les autres cas. § 18[1]. Cependant cette simultanéité naturelle d’existence n’est pas vraie pour tous les relatifs : la chose sue paraît antérieure à la science ; car en général nous tirons les sciences de choses qui existent préalablement. Il n’y a qu’un bien petit nombre de choses, pour ne pas dire aucune, où l’on voie la science formée en même temps que la chose qui doit être sue. § 19[2]. De plus, si la chose qui peut être sue disparaît, elle fait disparaître la science avec elle ; mais la science disparaissant n’enlève pas avec elle la chose qui peut être sue. Sans la chose qui peut être sue, il n’y a pas de science ; car ce serait la science de rien ; mais la chose à savoir peut fort bien exister sans la science. Par exemple, la quadrature du cercle, si toutefois c’est une chose qui puisse être sue, existe comme chose à savoir, bien que la science de cette chose n’existe pas encore. J’ajoute que

  1. Paraît antérieure, Et non simultanée. — Les sciences, Dans le sens de connaissances, perceptions.
  2. Car ce serait la science de rien, Ces mots, que je conserve avec l’édition de Berlin, manquent dans plusieurs éditions : ils ne sont pas indispensables. Sylburge et Pacius ont peut-être bien fait de ne pas les admettre. C’est un manuscrit d’Isingrinius qui les donne. — La quadrature du cercle, Voir Derniers Analytiques, liv. 1, ch. 9, § 1. Cette question y revient même plusieurs fois.