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qu’on peut trouver fort aisément des mots pour des choses qui n’ont pas de nom spécial, si l’on tire ces mots des primitifs, et qu’on les impose aux objets correspondants à ces primitifs, comme on l’a fait plus haut, d’aile faisant ailé, de gouvernail « gouvernallisé ».

§ 13[1]. Ainsi donc, tous les relatifs, si l’application des mots est exacte, doivent être dits de choses qui leur sont réciproques ; seulement, si l’on fait cette application au hasard et qu’on ne les rapporte pas à la chose même dont ils sont dits, la réciprocité disparaît. J’ajoute que, même parmi les choses dont la réciprocité est notoire, et qu’on peut rendre par des mots spéciaux, la correspondance vient à cesser, si l’appellation se fait d’après quelque accident, et non pas d’après la chose même dont il s’agit. Par exemple, si l’on attribue l’esclave, non pas au maître, mais à l’homme, à l’animal bipède, ou à tel autre accident de ce genre, la réciprocité n’existe plus, parce que l’appellation des mots est inexacte. § 14[2]. Mais si l’on fait une appellation légitime relativement à la chose qui doit la recevoir, et qu’éliminant tout ce qui n’est qu’accident, on ne garde que ce qui peut recevoir justement l’appellation du mot, le mot alors sera toujours parfaitement applicable à la chose. Ainsi, que l’on rapporte esclave à

  1. Mais à l’homme, à l’animal bipède, Ce sont là en effet les accidents et non l’essence même de maître.
  2. Tous les faits accidentels, Tous les attributs qui ne se rapportent pas essentiellement à la relation. — Susceptible de science, L’un des éléments de la définition de l’homme, et accidentellement de maître qui est homme.