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sables, mais auxquels on ne touche pas, parce qu’ils ne sont jamais à refaire, et que le mieux, c’est de les prendre pour modèles et régulateurs éternels. L’ordre de la logique résulte donc rigoureusement de la définition même qu’Aristote en a donnée : et par un de ces coups de hasard, qui ne sont que des coups de génie, il a doté la science de la seule définition qui puisse à la fois, et la faire clairement connaître, et la systématiser.

La définition de Kant n’en peut pas faire autant : l’ordre que présente la Critique de la raison pure n’est qu’un ordre apparent. La main d’un novateur peut le changer parce qu’il est arbitraire : l’ordre de l’Organon ne changera point tant que la science sera comprise. Il faut bien, du reste, le remarquer : quand Aristote dit que le but de la science qu’il fonde, c’est la démonstration, il dit infiniment plus qu’on n’a fait ensuite, quand on a prétendu que l’objet de la logique, c’était le procédé du raisonnement. M. Hamilton a parfaitement réfuté cette dernière opinion, qui n’a été soutenue que rarement, et par des logiciens d’ailleurs peu illustres.

Il ne suffit pas, du reste, pour se bien rendre compte de ce qu’est la logique, de savoir qu’elle est une science et non un art, et qu’elle a pour