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des relatifs. § 22. Du reste qu’on les reconnaisse ou qu’on ne les reconnaisse pas pour quantités, on peut dire que grand et petit n’ont pas de contraires ; car d’une chose qu’on ne peut pas saisir et prendre en soi, d’une chose qui se rapporte à une autre, comment pourrait-on dire qu’elle a des contrairesn’§ 23[1]. Bien plus, si grand et petit sont contraires l’un à l’autre, il s’ensuivra qu’une seule et même chose pourra recevoir en même temps les contraires, et que les choses seront contraires à elles-mêmes. En effet, une chose peut être à la fois petite et grande ; petite, par rapport à tel objet, grande, par rapport à tel autre objet ; de sorte qu’une seule et même chose peut être grande et petite au même moment, et qu’elle reçoit en même temps les contraires. Or il n’est rien au monde qui paraisse pouvoir admettre en même temps les contraires. Dira-t-on que c’est la substance ? Certainement, elle admet les contraires ; mais pourtant aucun être n’est à la fois malade et bien portant ; rien n’est à la fois blanc et noir. Parmi toutes les autres choses, il n’en est non plus aucune qui admette en même temps les contraires. Il s’ensuivrait aussi qu’une chose pourrait fort bien être contraire à elle-même. Car si grand est le contraire de petit, et qu’une même chose puisse être à la fois grande et petite, cette chose sera contraire à elle-même ; mais il y a impossibilité qu’une chose quelconque soit contraire à elle-même. Donc, grand n’est pas le contraire de petit, ni beaucoup de peu ; donc, même en admettant qu’on rapporte ces choses, non

  1. Dira-t-on que c’est la substance, Voir au chap. précédent, § 21. — Elle admet les contraires, Mais non point à la fois.