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pas de contraires. Pour les quantités définies, il est bien évident qu’elles n’ont pas de contraires : par exemple, deux coudées, trois coudées, surface, et toutes les choses de cet ordre n’en ont pas. § 19[1]. A moins qu’on ne prétende que beaucoup est contraire à peu, grand à petit. § 20[2]. Mais ces dernières choses ne sont pas des quantités, ce sont bien plutôt des relatifs. Rien, en effet, ne peut en ni être dit petit ou grand ; ce ne peut être jamais que par rapport à une autre chose. Ainsi d’une montagne, on dit qu’elle est petite et d’un noyau qu’il est grand, parce que celui-ci est plus grand que les objets du même genre que lui, celle-là plus petite que les objets analogues. Il y a donc ici relation à un autre objet ; car si ces objets pouvaient en eux-mêmes être grands et petits, on n’aurait pas dit que la montagne fût petite et le noyau grand. De même, on dit que dans un bourg il y a beaucoup de population et qu’il y en a peu dans Athènes, bien que de fait la population, dans Athènes, soit beaucoup plus nombreuse ; on dit qu’il y a beaucoup de monde dans une maison, et qu’il y en a peu au théâtre, bien que dans ce dernier lieu il y en ait bien davantage. § 21. C’est, je le répète, que deux coudées, trois coudées et autres choses du même genre expriment une quantité ; grand et petit, au contraire, n’expriment pas une quantité, ils expriment plutôt un rapport. En effet, grand et petit ne se distinguent que relativement à un autre objet ; et il est clair que grand et petit sont de la catégorie

  1. Beaucoup est contraire à peu, Voir plus haut, ch. 5, § 19, où cette objection est déjà indiquée.
  2. Bien plutôt des relatifs, voir au chapitre suivant la Catégorie des relatifs, et particulièrement § 3.