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ni de moins. Je ne veux pas dire qu’une substance ne soit pas plus ou moins substance qu’une autre substance, car j’ai déjà dit qu’il en était ainsi ; mais je veux dire que chaque substance ne peut être plus ou moins ce qu’elle est. Par exemple, si telle substance est homme, elle ne sera ni plus ni moins homme ; l’homme ne sera ni plus ni moins homme que lui-même, ne sera ni plus ni moins homme qu’un autre. En effet, un homme n’est pas homme plus qu’un autre, de la même façon qu’une chose blanche est plus ou moins blanche qu’une autre, qu’une chose belle est plus ou moins belle qu’une autre. On peut bien dire sans doute qu’une chose a du plus ou du moins comparativement à elle-même : ainsi d’un corps blanc on dit qu’il est maintenant plus ou moins blanc qu’auparavant ; d’un corps chaud, qu’il est plus ou moins chaud. La substance, au contraire, n’est jamais ni plus ni moins substance ; car on ne peut pas dire qu’un homme soit maintenant plus homme que auparavant. Et de même pour toutes les autres substances. Ainsi la substance ne paraît susceptible ni de plus ni de moins.

§ 21[1]. La propriété la plus spéciale de la substance semble être que, tout en restant une seule et même chose, elle peut recevoir les contraires. Pour toutes les autres choses, en effet, qui ne sont pas substances, on ne

  1. La propriété la plus spéciale, Sixième propriété de la substance, la plus vraie de toutes et l’on pourrait presque dire la seule, puisque les précédentes appartiennent aussi à des Catégories autres que la substance : celle-là au contraire appartient à la substance tout entière et à la substance seule, omni et soli.