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que chose diffère. Ainsi l’homme et le cheval ne diffèrent pas par le genre, car les chevaux sont animaux aussi bien que nous : mais la qualité de raisonnable, si on l’ajoute, suffit pour nous séparer d’eux. Nous sommes raisonnables, nous et les anges ; mais la qualité de mortel, si on l’ajoute, nous sépare aussi des anges.

§ 20. Ceux qui ont travaillé avec le plus de soin la théorie de la différence, disent qu’elle n’est pas indifféremment un des termes quelconques qui séparent les êtres placés sous le même genre ; mais ils disent que c’est ce qui contribue à l’être et à l’essence de la chose et en fait partie. En effet, être capable de naviguer n’est pas la différence de l’homme, bien que ce soit là une qualité propre à l’homme ; car on pourrait dire que parmi les animaux, les uns sont capables naturellement de naviguer, et que les autres ne le sont pas, séparant ainsi l’homme de tous les autres. Mais être naturellement capables de naviguer, n’est pas une qualité complémentaire de la substance, ce n’en est pas non plus une partie, ce n’en est qu’une aptitude. C’est qu’en effet ce n’est point là une différence pareille à celles qu’on appelle différences spécifiques. On doit donc entendre par différences spécifiques toutes celles qui constituent une espèce autre, et qui figurent dans l’essence du sujet.

§ 21. Ce que nous venons de dire doit suffire pour la différence.