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chose, non plus que les opposés ne sont en même temps à un même sujet.

§ 17[1]. On définit encore la différence, en disant que la différence est l’attribut en qualité, de plusieurs termes différant spécifiquement entr’eux. Ainsi mortel est l’attribut de l’homme, quand on demande quelle est la qualité de l’homme, et non pas quand on cherche quelle est son essence. En effet, si l’on nous demande ce qu’est l’homme nous répondons ordinairement qu’il est animal. Et si l’on nous demande encore : mais quel animal ? Nous répondrons convenablement en disant, raisonnable et mortel. C’est qu’en effet les choses se composant de matière et de forme, ou du moins ayant une composition qui répond à la matière et à la forme à peu près, et par exemple la statue se compose d’une matière qui est l’airain, d’une forme qui est la figure, il faut dire que de même l’homme commun, et spécifique même, se compose du genre qui répond à la matière, et de la forme qui est la différence. Le tout qui en résulte, animal raisonnable mortel, c’est l’homme, comme dans l’exemple cité tout à l’heure, c’était la statue.

§ 18. On dit encore : la différence est ce qui naturellement sépare les termes placés sous le même genre. Ainsi raisonnable et privé de raison séparent l’homme et le cheval, qui sont sous le même genre, l’animal.

§ 19[2]. On définit aussi la différence ce par quoi cha-

  1. § 17. L’attribut en qualité, et non l’attribut essentiel. Voir les Catégories, catégorie de la substance et catégorie de la qualité.
  2. § 19. Nous et les anges, On croirait à ce langage que Porphyre était encore chrétien quand il a fait ce petit traité : il est vrai que dans d’autres endroits, il parle de Jupiter et d’Hercule tout comme il parle ici des anges. Voir plus loin, ch. 7, § 1.