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sont comprises dans la définition de l’essence, et rendent le sujet tout autre. Les différences d’accident ne sont pas comprises dans la définition essentielle, et rendent le sujet non point autre, mais différent. § 11. Les différences en soi ne reçoivent pas le plus ou le moins. Les différences d’accident, tout inséparables qu’elles sont, peuvent avoir rémission et intensité. Ainsi le genre n’est pas plus ou moins attribué au sujet dont il est le genre, non plus que les différences ne le sont point au genre qui se divise en elles. Ce sont elles qui complètent la définition de chaque chose. Or l’essence de chaque chose, une et identique, ne souffre ni rémission ni intensité. Mais être camus ou aquilin, avoir une certaine couleur, peut offrir diminution ou accroissement.

§ 12. Après avoir reconnu trois espèces de différences, distingué les différences séparables et les inséparables, et parmi les inséparables les différences en soi et les différences d’accident, il faut ajouter que parmi les différences en soi, les unes servent à diviser les genres en espèces, les autres servent à faire des espèces de ces divisions. Ainsi toutes les différences essentielles de l’animal étant, si l’on veut, les suivantes : animé et sensible, raisonnable et privé de raison, mortel et immortel, la différence animal et sensible est constitutive de l’essence de l’animal ; mais les différences de mortel et immortel, de raisonnable et privé de raison, ne sont que des différences qui divisent le genre animal ; car c’est par elles que nous divisons les genres en leurs espèces. § 13. Mais ces différences qui divisent les genres sont complémentaires et constitutives des espèces. Ainsi l’animal est partagé par la différence de raisonnable et d’irrai-