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point synonymiquement. Loin de là, si l’être était le genre de tout, toutes choses seraient appelées êtres synonymiquement. Mais comme il y a dix genres primitifs, cette communauté d’appellation est purement verbale, et ne va pas jusqu’à la définition qu’on donnerait de cette appellation. Les genres généralissimes sont donc au nombre de dix. § 33. Les termes spécialissimes sont en un certain nombre qui n’est pas non plus infini.

§ 34. Quant aux individus qui viennent après les termes les plus spécifiques, ils sont infinis. § 35[1]. Aussi Platon recommanderait-il, quand on descend des termes les plus génériques aux plus spécifiques, de s’arrêter à cette limite, et de descendre en suivant les intermédiaires qu’on divise suivant les différences spécifiques, sans s’inquiéter des termes infinis pour lesquels il n’y a pas de science possible. § 36. Quand on descend aux termes spécialissimes, il faut nécessairement par la division produire la multiplicité ; quand au contraire on remonte aux plus génériques, on réduit nécessairement la multiplicité à l’unité ; l’espèce en effet, et le genre encore davantage, ramènent plusieurs termes à une seule et unique nature. Les termes particuliers et individuels au contraire dispersent l’unité en multitude. C’est ainsi que par la participation à l’espèce, tous les hommes, quelque nombreux qu’ils sont, n’en font qu’un ; et par les hommes particuliers et individuels, cet homme unique et commun devient plusieurs. Le particulier

  1. § 35. Aussi Platon, on peut voir sur ces recommandations de Platon, entre autres passages, le Phèdre, p. 97 et 110, Sophiste, p. 345 et 347, Répub., liv. 6, p. 62, etc., trad. de M. Cousin.