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mière est digne de l’empire. » § 19. On appelle encore espèce, ce qui est placé sous le genre donné ; et c’est ainsi qu’on dit habituellement que l’homme est une espèce de l’animal, l’animal étant pris pour genre. Le blanc est une espèce de la couleur, comme le triangle est une espèce de la figure. § 20[1]. Que si dans notre définition du genre nous parlons aussi de l’espèce, en disant que le genre est l’attribut qui s’applique essentiellement à plusieurs termes différant en espèce, et si nous ajoutons que l’espèce est ce qui est placé sous le genre donné, il faut bien savoir que le genre, étant le genre de quelque chose, comme l’espèce est l’espèce de quelque chose, l’un est relatif à l’autre, et qu’il faut de toute nécessité employer réciproquement l’un dans la définition de l’autre. § 21[2]. On a donc pu définir aussi l’espèce en disant qu’elle est ce qui est classé sous le genre, et qu’elle est ce à quoi le genre est attribué essentiellement. On peut dire encore que l’espèce est l’attribut s’appliquant essentiellement à plusieurs termes qui diffèrent entr’eux numériquement. § 22[3]. Cette définition dernière conviendrait à l’espèce spécialissime, c’est-à-dire, qui n’est plus qu’espèce, et qui n’est plus genre. Les autres définitions conviendraient aussi aux espèces qui ne sont pas spécialissimes.

  1. § 20. Que si… Porphyre a défini plus haut § 6 le genre par l’espèce, il définit ici l’espèce par le genre : on pourrait donc lui objecter qu’il fait une pétition de principe : il répond que genre et espèce sont des termes relatifs qui ne peuvent se définir que l’un par l’autre.
  2. § 21. Numériquement, c’est-à-dire formant chacun une unité distincte.
  3. § 22. L’espèce spécialissime, Celle qui n’a plus après elle que des individus — et qui n’est plus genre, les §§ suivants expliquent ceci très-clairement.