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est grave, sans doute ; mais elle n’est point recevable aux yeux de la critique moderne.

Presque de nos jours, William Jones, se fondant sur certaines traditions semi-grecques, semi-persanes, a soutenu sérieusement qu’Aristote avait reçu son système tout fait des Brachmanes, par l’intermédiaire de son neveu Callisthène. Comme l’Inde n’a jamais eu qu’un système de logique, ou mieux, de dialectique, le Nyâya, on en devait conclure que le Nyâya était l’original dont l’Organon n’était que la copie. J’ai traduit et commenté le Nyâya, et l’on peut se convaincre par une simple lecture que les deux monuments n’ont pas la moindre ressemblance. (Voir les Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques, tom. 3, p. 236 et suiv.)

Il faut donc renoncer à ces accusations, invraisemblables en elles-mêmes, et dont on reconnaît aisément la fausseté, quand on se donne la peine de les examiner de près. L’Organon est une des productions les plus grandes et les plus parfaitement originales du génie grec. Aristote doit conserver la gloire entière de l’avoir conçu et exécuté sans modèle, comme sans imitateurs.

20 Mars 1844.
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