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gner ce grand témoignage, qui est certainement l’un des plus beaux et des plus consolants spectacles que les choses humaines puissent donner.

Mais si elle adopte l’Organon, n’a-t-elle point à lui demander compte de la méthode qui l’a produit ? À quelle source Aristote a-t-il puisé ? À quelle autorité a-t-il emprunté ces principes puissants ? Sur quelle base repose tout cet édifice ? Le langage, tout admirable qu’il est, a-t-il fourni seul tous les matériaux ? Les catégories, le syllogisme, comment les a-t-on découverts ? Par quel procédé régulier, irréfutable, les a-t-on obtenus ? Aristote, sur toutes ces questions, n’a rien à répondre. Il n’a point livré le secret de sa méthode ; et sans doute par la meilleure de toutes les raisons, c’est qu’il ne l’avait pas. La philosophie de nos jours doit pouvoir le lui donner, si le principe de Descartes, si la psychologie sont aussi fécondes qu’elle le prétend et qu’elle a droit de le prétendre. Singulière coïncidence ! Kant, à la fin du XVIIIe siècle, n’a pas plus exposé sa méthode que ne l’a fait Aristote ; et toutes les questions si graves qu’on vient d’adresser au philosophe grec, on peut, à titre égal, les adresser au philosophe allemand. Mais Kant est ici beaucoup moins excusable. Au temps du Criticisme, la philosophie avait deux mille ans de plus ; elle