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et en la faisant la première des sciences, ou pour mieux dire la seule science, il l’a tuée.

Voilà donc le grave enseignement que l’histoire nous donne. Ramus, Bâcon, organes l’un et l’autre des besoins de réforme, ont mal compris, bien qu’à des degrés divers, la réforme qui était à faire. Descartes seul l’a bien comprise, et de plus il l’a faite dans son principe ; mais il n’a pas suivi ce principe dans ses applications, trop étendues pour qu’un seul génie, même le sien, pût les embrasser toutes. La première tentative faite pour explorer ce champ nouveau, a échoué dans son résultat le plus général. Kant voulait décrire l’entendement, en montrer les éléments et la vraie puissance ; il a inventé les faits plutôt qu’il ne les a observés, et il a nié en définitive la puissance de la raison qu’il a condamnée au scepticisme. Descartes et Kant ont laissé la logique d’Aristote entière ; ils étaient trop sages pour la détruire ou même la mutiler. Et cette réserve nécessaire aurait dû prouver au sceptique allemand, que la raison humaine, qui avait produit cet inébranlable dogmatisme, n’était pas aussi impuissante qu’il voulait bien le dire.

On peut voir maintenant, avec la plus grande clarté, ce que doit faire l’École à laquelle nous