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cette route, désormais nécessaire, que Descartes a eu la gloire d’ouvrir, mais qu’il ne pouvait parcourir tout entière. Kant voulait beaucoup plus : il prétendait à signaler lui-même les naufrages de la raison ; et son propre naufrage, l’un des plus grands, servira peut-être à en prévenir d’autres.

Ce serait sans doute ici le lieu de parler de Hégel et de son système prétendu logique. Mais Hégel n’a pas fait de logique proprement dite. Il lui a plu de confondre dans ce qu’il appelle la logique, la métaphysique, la philosophie tout entière, l’intelligence de l’homme avec tous ses développements, l’histoire même de l’humanité. Au milieu de cet immense chaos, apparaissent quelques théories logiques, une exposition du syllogisme où les figures sont nettement réduites à trois, d’après les formules aristotéliques, mais avec déplacement de leur ordre, en vertu de principes qu’Aristote n’aurait certainement pas avoués. Ce n’est là de la logique que de nom, et l’on pourrait tout aussi bien omettre Hégel sous ce rapport, que Fiche et M. Schelling, qui tous deux ont laissé la logique complétement de côté. Hégel n’a pas renouvelé la science, comme l’enthousiasme de ses disciples l’a parfois proclamé ; il l’a dénaturée, malgré les avertissements de Kant,