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sous la honte de ses paralogismes, de ses antinomies, de son vain idéal, afin de lui imposer une réserve salutaire. Descartes la rassure, en lui montrant la base inébranlable sur laquelle elle peut toujours s’appuyer, et sur laquelle il n’est pas possible, malgré tous ses écarts, qu’elle ne s’appuie pas. Il n’y a point de dogmatisme plus arrêté ni plus invincible que celui de Descartes. Kant n’a produit qu’une variété nouvelle du scepticisme. La logique prise dans toute son abstraction, isolée, comme il tentait de la faire, de tout empirisme, devait le pousser à cet abîme inévitable. Son édifice n’est qu’une admirable ruine, qui pourra fournir des matériaux à de plus solides doctrines, mais sous laquelle on ne peut s’abriter sans danger. Soutenir que la raison pure, comme on l’appelle, réduite aux formes vides que l’abstraction distingue en elle, ne peut légitimement affirmer que ces formes même, sans pouvoir rien affirmer de la réalité extérieure, la chose est fort possible. Mais c’est une simple hypothèse, car la raison pure, telle qu’on l’imagine, n’existe pas. En réalité ses cases, ses formes ne sont jamais vides ; et c’est aux objets même qui les remplissent, que nous empruntons les limites et la notion abstraite de ces formes. Kant a cru faire une révolution ; il n’a guère enfanté qu’une