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que les aberrations de l’esprit humain en métaphysique soient beaucoup moins grandes, que sa pitié un peu dédaigneuse ne le suppose. Mais cette tentative de révolution en métaphysique, dont on a comparé l’importance à celle de la révolution française en politique, ne pouvait se faire que par la logique. « La critique de la raison pure ne peut reposer que sur une analyse approfondie du jugement », comme l’a dit M. Cousin, résumant la pensée de Kant ; et la logique transcendentale avec ses deux grandes divisions empruntées d’Aristote, analytique et dialectique, tient les deux tiers au moins du livre entier. Elle en remplit toute la première partie, et constitue ce que Kant appelle la doctrine élémentaire, ou recherche des éléments purs de la connaissance humaine. La seconde partie, moins étendue que la première, la méthodologie, n’est guère encore que de la logique, au sens où la méthode même de Descartes en est aussi ; non pas que Kant ne soit à toute distance de la netteté, de la décision et surtout de la simplicité si pratique du philosophe français ; mais au fond la tentative est la même. Descartes veut conduire la raison ; Kant ne se propose pas autre chose. Seulement, Kant se défie d’elle, tandis que Descartes s’y confie avec une sécurité magnanime. Kant prétend humilier la raison