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citude et la faveur des gouvernements sur la Critique, « qui seule, disait-il, pouvait établir sur une ferme base les travaux de la raison, et prévenir, une fois pour toutes, le scandale des controverses métaphysiques et théologiques, dont tôt ou tard le peuple devait être frappé. » Descartes, avec beaucoup moins de bruit, a fait bien davantage, non pas seulement pour la moralité publique qu’il n’a jamais prétendu régenter, mais aussi pour la discipline de la philosophie, que Kant avait tant à cœur et qu’il a si peu consolidée.

Kant s’est beaucoup plus occupé de logique proprement dite que Descartes. Sans même parler de l’ouvrage spécial qui, après sa mort, a été publié par l’un de ses élèves, mais qui, malgré les prétentions de Kant, est fort loin d’ajouter à l’exactitude, à la précision et à la clarté de l’Organon, et qui ne vaut pas le livre de Port-Royal à cet égard, on peut dire que son grand ouvrage, la Critique de la Raison pure, contient une part considérable de logique. C’est, il est vrai, la métaphysique que Kant prétend réformer ; c’est elle seule qu’il veut relever du discrédit où elle est tombée, et tirer des incertitudes où elle s’égare depuis des siècles, bien que ce discrédit soit beaucoup moins profond qu’il ne le croit, et