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circonscription. Il déclarait donc positivement ce que Descartes avait laissé entendre, que le monument aristotélique était à conserver. De plus, comme Descartes, et avec autant de résolution que lui, il cherchait, par une méthode nouvelle, à refaire la science humaine tout entière. Mais il attendait beaucoup plus de sa méthode que Descartes, dans sa modestie, n’avait attendu de la sienne[1]. Descartes disait : « Mon dessein n’est pas d’enseigner une méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison, mais seulement de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne. » Kant, au contraire, s’écriait avec une présomption que le succès n’a pas absoute : « La critique est le seul moyen de couper les racines même du matérialisme, du fatalisme, de l’athéisme, de l’incrédulité religieuse, du sensualisme et de la superstition ; enfin aussi, celles de l’idéalisme et du scepticisme. » Pour accomplir une œuvre si honorable, Kant appelait avec candeur la solli-

  1. Ceci ne s’applique qu’au Discours de la méthode. Descartes n’est pas toujours aussi réservé, notamment dans le Dialogue que M. Cousin a publié en français pour la première fois : Recherche de la vérité par les lumières naturelles, œuvres complètes de Descartes, tome xi, page 337. Eudoxe peut sembler tranchant, bien qu’il le soit beaucoup moins que l’auteur de la Critique de la Raison pure. Voir aussi les lettres de Descartes, passim.