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ne connaissait que par ses abus. Mais cette philosophie, disons-le bien haut, a contribué pour une grande part dans l’histoire de l’esprit humain à l’accomplissement d’une œuvre immense, et l’oubli où elle laissa la logique n’a rien qui nous doive étonner, si c’est d’ailleurs un exemple que nous devions fuir.

Il ne reste plus dans le XVIIIe siècle que la grande tentative de Kant qui le termine, et renoue dignement la chaîne des traditions que l’Allemagne, écoutant les avis de Leibnitz, n’avait jamais voulu rompre entièrement. Kant s’est trompé sur plusieurs parties de la logique d’Aristote ; il a de plus, durant quelque temps, accusé le syllogisme de fausse subtilité. Mais au fond, il a signalé plus vivement que personne ne l’avait fait depuis la Scholastique, la haute valeur de la logique péripatéticienne. Avec une admiration pleine de désintéressement, il a proclamé que la science était faite et qu’elle n’était plus à faire. Il ajoutait qu’en voulant la compléter et l’accroître, il fallait bien prendre garde de la dénaturer. Il voulait la laisser telle qu’Aristote l’avait fondée, ou pour mieux dire, il ne voulait point en élargir les limites. Il la modifiait bien dans les détails, d’après les vues de son propre système ; mais il en admettait le caractère général et la