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sur le texte grec, comme son analyse le prouve au grand détriment de sa parfaite sincérité. Mais ne croirait-on pas entendre encore Bâcon ? La critique de Reid est-elle autre chose qu’une seconde édition de celle de Bâcon, dont il invoque sans cesse l’autorité, qu’il imite dans son altière polémique, dans ses sarcasmes pleins d’amertume et d’injustice, et qu’il ne corrige qu’en rendant hommage à l’Histoire des animaux, et qu’en reconnaissant « un génie de premier ordre à un philosophe qui, pendant près de deux mille ans, gouverna les opinions de la partie la plus éclairée de notre espèce ? » Reid d’ailleurs partagea certainement fort longtemps le dédain de Locke pour le syllogisme ; et ce ne fut que vers la fin de sa carrière philosophique, qu’il revint à une appréciation plus juste et plus éclairée. Aujourd’hui, la philosophie écossaise n’est point encore guérie de tous ses préjugés ; elle connaît assez bien l’Organon, mais elle ne l’estime que très-médiocrement. On peut le demander à M. Hamilton, et aux appréciations plus que sévères qu’il a faites des travaux d’Aristote.

Il est inutile de dire que la philosophie sensualiste le méprisa profondément, et que son mépris égala son ignorance. C’était la loi de la philosophie au XVIIIe siècle de détester le passé, qu’elle