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de fait les supprimer. Messieurs de Port-Royal n’ont pas non plus donné assez d’étendue ni d’importance, à la théorie de la démonstration. Mais malgré ces taches, leur ouvrage contient tant de vues excellentes, et la forme qu’ils lui ont donnée est si parfaite, qu’il doit conserver une très-grande valeur, même aux yeux des juges les plus sévères.

À tout prendre cependant, quoique cartésien, ce livre n’avait point assez profité des idées de Descartes. La logique telle qu’on la conservait, et telle qu’on la devait conserver, n’avait pas été rattachée à la nouvelle méthode. Le maître d’abord n’avait pas montré ce lien ; il avait même semblé, par son dédain, porté à croire que ce lien n’était pas possible ; et bien que la logique péripatéticienne ne fût que la théorie de l’une des deux opérations nécessaires de l’esprit, signalées par Descartes, de la déduction, elle n’en restait pas moins à l’écart, et tout près d’un abandon que le siècle suivant ne lui devait point épargner.

Ce fut à le conjurer que Leibnitz employa tous ses efforts ; mais il n’y parvint pas. Il démontra bien contre Locke que le syllogisme, si dédaigné par le compatriote de Bâcon, « n’était pas un jeu d’écolier » ; et il crut, après Descartes, découvrir comme une mathématique universelle dans