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avec la même facilité, son esprit étant tout à fait extraordinaire. » On peut le présumer sans aucun doute : non-seulement une autre personne que le duc de Chevreuse n’apprendra pas la logique en quatre jours ; mais l’on peut affirmer sans hésitation, que le duc de Chevreuse lui-même ne la savait point en aussi peu de temps. Selon toute probabilité, le seigneur si bien instruit, se trouva bientôt dans le cas de ces jeunes gens, dont parlent ses maîtres qui, « en moins de six mois, oublient leur cours de logique. » Non, la science n’est pas aussi simple que messieurs de Port-Royal se l’imaginent ; on peut la comprendre en quelques jours, mais en quelques jours on ne la possède pas. Ce besoin de simplifications, en général plus apparentes que solides, sent déjà le XVIIIe siècle ; et il est tout au moins fort bizarre que ce soient les austères penseurs de Port-Royal qui aient les premiers donné l’exemple d’une telle légèreté.

Malgré les avis de Descartes et la portée de la nouvelle méthode, les auteurs de l’Art de penser demandent encore à la logique ce que la Scholastique et Ramus lui avaient demandé si vainement. Tout en raillant les pompeuses promesses des philosophes, tout en trouvant que les règles de la logique ne sont pas fort utiles, ils soutiennent