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dont même des esprits aussi justes que ceux de Port-Royal, n’ont pas su se préserver. L’ouvrage des solitaires ou d’Arnaud, l’Art de penser, est digne certainement de tenir une place dans l’histoire de la logique par sa parfaite clarté, au moins autant que par l’application, alors toute nouvelle, des principes cartésiens. Mais voyez quelle mince estime les auteurs, tout judicieux qu’ils peuvent être, font de la science : « La naissance de ce petit ouvrage, disent-ils, est due entièrement au hasard, et plutôt à une espèce de divertissement qu’à un dessein sérieux. » C’est la suite d’une sorte de gageure. Ils se sont fait fort d’apprendre la logique, ou du moins « tout ce qu’il y a d’utile dans la logique, » en quatre ou cinq jours au duc de Chevreuse. Ils se mettent au travail dans ce louable dessein, et ils croient pouvoir écrire en un seul jour, l’abrégé qu’ils comptent mettre entre les mains de ce jeune seigneur. Mais la besogne est plus longue qu’ils ne l’avaient imaginé d’abord ; et c’est quatre ou cinq jours qu’il leur faut, « pour former le corps de cette logique, » que des soins postérieurs accrurent à peu près d’un tiers. Le pari fut gagné. Le duc de Chevreuse en quatre jours apprit cette logique ; mais ses excellents amis avouent « qu’on ne doit pas espérer que d’autres que lui y entrent