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avoir achevé l’une, comme il l’a fait, et d’avoir entrevu l’autre, comme il n’a pas manqué de le faire. Descartes lui-même n’a pas porté la théorie de l’intuition, de l’induction si l’on veut, pour prendre un mot qui, dans ce sens, n’est pas à son usage, aussi loin, à beaucoup près, qu’Aristote l’a fait pour l’opération contraire. Ceci tient à la fois à la difficulté même de la théorie nouvelle, que l’esprit humain n’est pas près d’avoir terminée, et à cette loi nécessaire qui veut que toute chose à son début soit petite, quelque grande qu’elle puisse plus tard devenir.

L’œuvre de Descartes n’en est pas moins considérable : elle est venue s’ajouter à celle d’Aristote sans la détruire ; elle la complète, elle ne la remplace pas. Descartes n’a pas voulu accroître précisément la science de l’esprit, la théorie proprement dite. Sa vie tout entière, son caractère personnel, son siècle à la veille d’une immense rénovation sociale, le poussaient à la pratique. Sa méthode y servait admirablement. Mais elle était si puissante qu’elle ne devait pas moins servir à la philosophie, dans le sein de laquelle elle n’a pas encore, sachons-le bien, produit tous les fruits qu’elle renferme.

Du dédain de Descartes pour la logique ordinaire, sont sorties des erreurs assez fâcheuses,