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lait pas davantage ; et c’était là, pour toutes les opinions humaines, pour toutes les notions en nombre infini que les sens, l’intelligence et la tradition tout entière peuvent nous fournir, à la fois un tribunal compétent et une sorte de jurisprudence infaillible. Ramener toute idée sous le regard de l’esprit, l’admettre pour vraie, si après examen suffisant elle se présentait claire et distincte, la rejeter comme fausse, si elle restait confuse et obscure, tel était le procédé simple, universel, que Descartes proposait, qu’il avait appliqué lui-même, et dont il avait tiré les plus admirables résultats. La philosophie et la science pouvaient également s’en servir avec fruit. Il était accessible à toutes les intelligences. C’est qu’à le bien examiner, c’était la méthode secrète qu’à son insu l’esprit humain avait toujours suivie, même quand il paraissait renoncer à sa pleine indépendance. Descartes n’avait fait que mettre en lumière cette méthode que Dieu impose à l’intelligence humaine ; mais en la mettant en lumière, il apprenait par là même à la mieux pratiquer, et l’on sait avec quel enthousiasme calme et résolu tout à la fois, la reçurent tous les grands esprits du XVIIe siècle. Cette méthode, quoique moins bien comprise, avait été celle de toute philosophie libre dans l’antiquité ; elle est celle