Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de la pensée par la pensée même. L’évidence dont est accompagnée cette affirmation première, est si vive, que Descartes n’hésite pas à en tirer, comme une sorte de conclusion, la notion de sa propre existence. Je pense, donc je suis, est la première application et l’inébranlable fondement de la méthode nouvelle : « C’est le premier principe de la philosophie qu’il cherchait. » Cela ne veut pas dire que de ce point fixe, pris comme principe, on puisse déduire tous les principes sans exception. Mais l’évidence de celui-là servira de mesure à l’évidence de tous les autres, qu’ils soient relatifs à la nature extérieure, ou bien empruntés à la seule raison. De ce principe, Descartes tire directement la démonstration de l’existence de Dieu ; et cette idée suprême une fois acquise, on ne voit guères quelle autre idée secondaire ne pourrait se rattacher au centre commun qui aura fourni celle-là.

Toutefois Descartes « n’a pas poursuivi, et n’a pas fait voir ici toute la chaîne des autres vérités qu’il a déduites de ces premières » ; mais ce qu’il a dit a suffi pour faire une révolution en philosophie d’abord, et ensuite, par la vertu toute-puissante du principe qu’il avait proclamé, une révolution jusque dans la société. L’autorité de la raison, le critérium de l’évidence, il n’en fal-