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eurent le soin d’en faire revivre toutes les règles, en les présentant sous une forme vulgaire, et dans un excellent ouvrage qui aurait préservé les études logiques de la décadence, si des causes beaucoup plus puissantes ne fussent venues les y précipiter, avec tant d’autres souvenirs du moyen-âge. Voilà donc quelle était l’œuvre que Descartes devait accomplir : laisser de côté le syllogisme, qui peut servir à exposer les vérités découvertes, qui est une portion très-grave sans doute de la connaissance humaine, mais qui est impuissant à faire découvrir la vérité ; en second lieu, chercher la vraie méthode, sans s’épuiser dans une polémique tout au moins inutile, si ce n’est dangereuse, contre les théories antérieures.

Cette méthode, tout le monde la connaît. Pour arriver au vrai, pour se former des croyances, se faire des principes nouveaux ou juger des principes reçus, l’esprit ne doit en appeler qu’à lui seul ; il n’y a pas d’autre autorité que la sienne ; elle domine et dirige toutes les autres ; bien interrogée, elle suffit à tout. L’homme porte en lui-même un critérium universel de vérité. Ce critérium, c’est la pleine évidence avec laquelle apparaissent à sa pensée certains principes ; et parmi ces principes, Descartes s’attache au plus évident de tous et au plus profond, à l’affirma-