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très-bons. » Il omet donc de parler des règles des dialecticiens « qui croient diriger la raison humaine en lui prescrivant certaines formules de raisonnement. La vérité échappe souvent à ces liens, et ceux qui s’en servent y restent enveloppés. C’est ce qui n’arrive pas si souvent à ceux qui n’en font pas usage ; et notre expérience, dit-il, nous a démontré que les sophismes les plus subtils ne trompent que les sophistes, et presque jamais ceux qui se servent de leur seule raison. » « Aussi, ajoute-t-il, dans la crainte que la vérité ne nous abandonne, nous rejetons toutes ces formules comme contraires à notre but. » C’est que, suivant Descartes, « pour prouver les vérités les plus difficiles, il n’est besoin, pourvu que nous soyons bien conduits, que du sens commun, comme on dit vulgairement. » La restriction que fait ici Descartes est considérable ; car elle ne contient pas moins que toute sa méthode. Mais il niait si peu la possibilité de la science qu’il n’hésitait point à dire : « Il n’est aucune question plus importante que celle de savoir ce que c’est que la connaissance humaine, et jusqu’où elle s’étend. » Il ne détruisait donc pas le syllogisme, comme Bâcon avait prétendu le faire : il en restreignait seulement l’application dans de justes limites ; et plus tard ses disciples de Port-Royal