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importante que les règles de la pratique ; et puisque dans la démonstration c’est la forme du vrai que l’on recherche, il fallait, pour compléter l’œuvre, enseigner à extraire de la réalité les principes vrais qui sont la source de toute démonstration réelle. C’est ce que Bâcon avait essayé pour la science, en la ramenant par la réflexion à l’expérience qu’avaient spontanément pratiquée les anciens. Mais la science de la nature, toute vaste qu’elle est, n’épuise pas l’intelligence entière, et c’était toujours une méthode générale qu’il s’agissait de trouver. Ainsi donc, le succès du réformateur à venir était à ces deux conditions : réserve, si ce n’est respect, envers la logique telle qu’elle était faite, universalité de la méthode nouvelle.

Descartes les remplit admirablement l’une et l’autre. D’abord il aurait fort peu convenu à la noblesse et à la fierté de son âme, de s’abaisser comme l’avait fait Bâcon, peut-être avec une sorte de joie (Voir la Redargutio philosophiarum), à l’injure et au dénigrement. Tout novateur qu’il était, bien que venant en son propre nom, si jamais personne y vint, Descartes n’a point eu un seul mot blessant pour l’antiquité. Il n’a qu’une seule fois cité Aristote, comme il le remarque lui-même dans une de ses lettres (Tom. 6, p. 50,