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trouve une méthode qui pût mener au vrai dans les sciences naturelles ; et il avait banni de la science le syllogisme et la démonstration, comme si la science pouvait s’en passer. Il voulait apprendre à l’esprit à étudier la nature ; mais il n’étudiait pas l’esprit lui-même. La révolution après Bâcon était tout aussi bien à faire qu’avant lui. Il avait omis dans la logique le seul élément dont au vrai la logique s’occupe : l’esprit qui fait la logique elle-même.

De ces vaines tentatives de Ramus et de Bâcon, deux résultats sortaient avec pleine certitude : 1o La logique d’Aristote était inébranlable, et sur ce point les péripatéticiens dévoués à la foi de la Scholastique avaient toute raison contre les novateurs. L’Organon devait être conservé, non pas parce qu’il était d’Aristote, mais parce qu’il était vrai, motif que sentait confusément l’École, et qu’elle ne faisait point assez valoir ; 2o Cette doctrine, toute vraie qu’elle pouvait être, était insuffisante. C’était une admirable explication du procédé de l’esprit, lorsque d’un principe il arrive à une conséquence. Mais il restait toujours à donner la méthode même qui mène aux principes. Aristote avait bien décrit cette seconde partie du procédé logique de l’esprit ; mais en ceci la théorie abstraite était beaucoup moins