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se trouver dans les orages des discussions. » Démocrite, Anaxagore, Parménide, ce sont là, sans doute, de très-grands personnages, bien qu’à d’autres titres que celui dont Bâcon leur fait un honneur si ridicule. Mais que connaissons-nous de leur philosophie, dont la direction toute sensualiste, pour quelques-uns du moins, explique fort bien l’enthousiasme de Bâcon, auprès de ce que nous savons de celle de Platon et d’Aristote ? Bâcon paraît en avoir su beaucoup plus que nous ; car « il affirme que ces savants qui jamais n’ont ouvert d’écoles, ont mis en écrit leurs spéculations et leurs découvertes, et les ont livrées à la postérité. » Laissons, laissons dans l’ombre ces côtés du génie de Bâcon, qui nous rappellent trop les actes de sa vie politique. Que ces calomnies, qu’il appelle avec le faste habituel et le charlatanisme de son langage, « le mâle enfantement de son siècle, » ne nous empêchent pas de rendre à ses efforts, une justice qu’il n’a pas su rendre à des efforts plus féconds que les siens.

Il avait attaqué le syllogisme ; mais il ne lui substituait rien de positif dans le domaine de la logique pure. Plagiaire de Ramus, tout en l’injuriant, il proposait, comme lui, de partager la logique proprement dite, en invention et jugement ; puis ajoutant deux arts à ces deux premiers,