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son obscurité, » critique absurde que Ramus lui-même avait pris le soin de réfuter victorieusement, et que Reid, tout sage qu’il est, répète encore au milieu du XVIIIe siècle ! Bâcon va plus loin, et il traite Aristote de « voleur de la science, d’assassin de ses frères, » les philosophes ses devanciers ; il le compare à l’Antéchrist, parce que Aristote a eu le tort, c’est Bâcon qui le lui rappelle, de venir en son propre nom. Il assure qu’Attila, Genséric et les Goths, ont fait moins de mal à l’intelligence par leurs ravages, qu’Aristote ne lui en a fait par les siens, « lui qui méprisa tellement l’antiquité, qu’à peine il daigna nommer un des anciens, à moins que ce ne fût pour le critiquer et l’insulter. » Et c’est Bâcon qui parle ainsi d’Aristote, et ose lui reprocher sa basse jalousie et sa féroce inimité contre ses prédécesseurs ! Après de tels emportements, on comprend mieux les diatribes de M. de Maistre contre Bâcon, et l’on s’étonne moins de ces violences, venues même après deux siècles, quand on se souvient par quelles injustes violences elles avaient été provoquées. Sait-on pour qui Bâcon réserve ses respects et son admiration ? C’est pour Empédocle, Héraclite, Démocrite, Anaxagore et Parménide, « qui ne se plaisaient pas, dit-il, comme Galathée, à se jouer dans les ondes, mais aimaient à