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ceux du XVIe siècle, et le système du monde n’en a pas moins été fondé ; les sciences particulières n’en ont pas moins fait chacune d’admirables progrès, sans que ce soit aux règles de Bâcon qu’elles les aient dus. Mais Bâcon est venu jouer le rôle que la réflexion joue toujours dans l’intelligence, le rôle que la philosophie joue toujours dans les développements de l’esprit. Il est venu montrer à la science ce qu’elle faisait, et lui a par cela même appris à le mieux faire, du moins quand la science a connu ses sages conseils. Il lui a parfois enseigné à revenir sur elle-même, et c’est en cela qu’il l’a fait participer à la philosophie, dans une certaine mesure. Mais avec cette préoccupation exclusive de la physique, avec cette répugnance profonde qu’il a montrée pour la science de l’esprit, et en général pour les sciences rationnelles, Bâcon a détruit, autant qu’il était en lui, la vraie philosophie. Il a tâché plus que qui que ce soit de mettre à sa place ce que le vulgaire appelle la philosophie naturelle, et ce que de nos jours on a cru pouvoir appeler la philosophie positive.

Bâcon a donc parfaitement vu quelle était la vraie méthode des sciences d’observation ; il a senti plus vivement qu’aucun de ses contemporains les forces de l’esprit humain, qui n’a pas