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de l’expérience présentant trois ou quatre espèces ou variétés, que Bâcon énumère avec le plus imperturbable sang-froid. Et ce qu’il y a de plus singulier, c’est que Bâcon lui-même reconnaît qu’on ne peut tracer de règles à l’invention dans les sciences et dans les arts, et il se plaît à dénombrer une à une toutes les grandes découvertes dont le hasard seul a eu l’honneur.

Qu’a donc fait Bâcon ? et d’où vient cette gloire un peu exagérée, mais tout au moins spécieuse, dont son nom est entouré ? Il est venu rappeler à l’esprit humain les droits de l’expérience, de l’observation ; il est venu lui rappeler que, dans les sciences naturelles, il faut, par un examen attentif, patient, répété autant de fois qu’il convient, s’assurer d’abord de l’exactitude des faits, et que c’est seulement après ces justes précautions qu’il est permis de poser des principes, résumé légitime des observations particulières. Bâcon n’a pas fait plus ; et il faut dire que cela seul est une très-grande chose, quand des conseils de cet ordre sont donnés avec cette puissance d’imagination, avec cette éloquence qui agit vivement sur les esprits et les entraîne. La science, pour pratiquer cette méthode, n’avait pas attendu les avis de Bâcon. Les grands inventeurs du XVIIe siècle s’en sont passés tout aussi bien que