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dans des ébauches toujours imparfaites ; mais sa pensée, bien qu’il faille la rétablir d’après tous ces fragments, quand on veut la bien comprendre, est assez claire pour qu’on ait pu et qu’on puisse encore parler d’une méthode de Bâcon. L’induction de Bâcon n’est pas chose aussi nouvelle qu’il l’a cru. L’induction est d’abord un procédé tout aussi essentiel à l’esprit humain, que le procédé contraire, c’est-à-dire, la déduction. L’esprit humain part des faits particuliers pour s’élever à des lois générales, à des principes, et il descend des principes à des conséquences particulières. Les deux mouvements sont aussi nécessaires l’un que l’autre ; ils ont toujours existé, ils existeront toujours ; ils sont la perpétuelle oscillation de l’intelligence. Il n’y a donc point ici de « nouvel organe, » quoi qu’en ait pu dire Bâcon, quoi qu’en aient pensé tant d’autres après lui. C’est que Bâcon dédaigne profondément ce qu’il appelle l’induction ordinaire ; ce n’est, selon lui, que « une méthode d’enfants, » et il lui adjuge libéralement tous les axiomes et les principes faux dont le champ de la science est encombré. Et sur quel motif Bâcon appuie-t-il ce solennel arrêt contre l’induction des dialecticiens ? « C’est que conclure, dit-il, de la simple énumération des faits particuliers, même lorsqu’on ne ren-