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repoussons le syllogisme : » de la science seulement ; car Bâcon lui laisse « sa juridiction dans le domaine des arts populaires qui roulent sur l’opinion. » Et ces arts populaires que le philosophe livre sans regrets aux lumières sèches, lumen siccum, de la logique, veut-on savoir quels ils sont ? C’est la morale, la politique, la législation et la théologie même. Bâcon ne songe qu’à la physique, à la science de la nature, le seul objet qui l’ait vraiment préoccupé.

L’ostracisme porté contre le syllogisme ne va pas toutefois jusqu’à frapper la logique elle-même. Bâcon, du moins, annonce, à la place de la logique vulgaire, une logique qu’il appelle véritable, et « qui doit entrer dans les différentes provinces des sciences, avec des pouvoirs beaucoup plus étendus que ceux dont les principes sont revêtus. » Cette logique souveraine ne fera pas seulement des principes nouveaux, mais elle forcera les anciens principes, « les principes putatifs, » à comparaître devant elle et à lui rendre des comptes. Cette méthode, incomparable par les résultats qu’elle promet avec tant de fracas, c’est, on le sait, l’induction, le nouvel organe que Bâcon prétend donner à l’intelligence. Il ne l’a jamais décrite d’une manière suffisante, dans aucune de ses œuvres ; il y est vingt fois revenu