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l’aide des moyens termes, » tandis qu’au contraire le syllogisme descend des principes aux conclusions. Il se plaint peut-être avec plus de justesse, « que la logique de son temps veut tout gouverner par le syllogisme, et qu’on l’applique à toutes les sciences sans exception. » Le syllogisme est, selon lui, un instrument trop faible et trop grossier pour pénétrer dans les profondeurs de la nature ; il peut tout sur les opinions, et rien sur les choses. En conséquence, Bâcon déclare que la logique reçue est inutile à l’invention des sciences ; ce qui était parfaitement vrai. Puis, oubliant qu’il a dit quelque part que « le syllogisme est une méthode qui sympathise admirablement avec l’esprit humain, » il dresse en quelque sort un réquisitoire, comme il savait les faire, contre le syllogisme, et il conclut sans pitié au bannissement, ou mieux, à la mort. « Je rejette, dit-il dans la préface de l’Instauratio magna, toute démonstration qui procède par voie de syllogisme, parce qu’elle ne produit que confusion, et fait que la nature nous échappe des mains. » Et la haute probité de Bâcon, que l’histoire et la sentence du parlement anglais nous apprennent à bien connaître, toute révoltée de la fraude que cache toujours le syllogisme, en est émue et s’écrie : « Il y a ici de la supercherie :