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la poussière, au grand soleil de l’usage de chaque jour ; ils ne l’ont jamais appelée à la bataille des exemples humains. » Puis il ajoutait que les règles de la vraie logique devaient être tirées de l’expérience toute seule, que c’était dans les œuvres des poëtes, des orateurs, des philosophes, de tous les hommes, en un mot, qui raisonnent bien, qu’il faut les aller puiser ; et que les principes de la logique, comme ceux de toutes les autres sciences, ne pouvaient être étudiés que dans la pratique, c’est-à-dire, dans cet usage naturel de la dialectique qui est commune à tous les hommes. C’était là des idées assez peu justes, et qui ne méritaient pas d’être plus fécondes qu’elles ne l’ont été. Ramus n’avait eu que de l’audace ; il lui aurait fallu du génie. Il avait bien senti la nécessité d’une révolution ; il n’avait pas compris les moyens de la faire ; et le but auquel elle devait tendre restait complétement obscur pour lui. Aussi l’École n’en continua pas moins ses travaux, sans leur donner plus d’utilité pratique ; et Montaigne, excellent juge, si ce n’est de la science en elle-même, du moins des résultats qu’on prétendait si vainement en tirer, pouvait demander encore trente ans après Ramus : « Qui a pris de l’entendement en la logique ? Où sont ses belles promesses ? » Il pouvait