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pelé le Ramisme. Cette doctrine inféconde et insuffisante, n’a exercé aucune influence sur les écoles en France, à plus fort raison sur la direction générale des esprits. Elle se développa quelque temps dans les universités protestantes ; mais elle y fut bientôt étouffée par le péripatétisme réformé de Mélanchthon.

Ramus a donc, malgré sa science réelle, malgré le zèle le plus courageux, complétement échoué. Il n’a point ébranlé la logique d’Aristote, et ses attaques n’ont pas porté. À la science péripatéticienne, il ne pouvait substituer une science meilleure. Tout ce qu’il avait démontré, c’est que la logique, telle qu’on l’enseignait, n’était point du tout, comme on le croyait généralement, la maîtresse des sciences, et qu’elle était profondément inutile aux affaires et à la vie. La chose est pour nous parfaitement évidente ; elle ne l’était pas du tout au temps de Ramus, et le pédantisme aveugle de l’École allait alors jusqu’à vouloir soumettre aux règles abstraites de la logique, tous les développements de l’intelligence, tous ses actes et toutes ses applications. Aussi Ramus avait-il mille fois raison, quand il disait de ses adversaires : « Ils n’ont jamais regardé leurs règles qu’à l’ombre des disputes de l’École ; ils n’ont jamais amené la logique à