Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ver ce paradoxe, à un passage du Philèbe de Platon, et à un passage de l’Exode de Moïse. Il fallait laisser l’invention de la logique à l’auteur de l’Organon, ou découvrir quelque grand monument logique antérieur à l’Organon même. Jusque-là, c’était une injustice criante de dépouiller Aristote d’une gloire incontestable. Mais quelle est d’ailleurs la pensée de Ramus ? Il connaît admirablement Aristote ; c’est directement sur les textes longtemps étudiés et professés, qu’il le juge et le combat. Il montre parfaitement à ses adversaires qu’ils ne le connaissent pas aussi bien que lui, sous le vêtement emprunté qu’ils lui donnent. Mais il a la prétention assez singulière de refaire Aristote avec Aristote lui-même. Il critique l’Organon pied à pied. Chaque partie, chaque livre, chaque section, chaque paragraphe, lui offrent l’occasion des remarques les plus sagaces, si ce n’est les plus sensées. Mais tout en renversant l’édifice pièce à pièce, il veut le reconstruire avec les mêmes matériaux. Il ne propose pas même d’en changer l’ordre. Seulement il veut comprendre Aristote, non pas autrement que ne le comprenaient ses commentateurs, ce qui était fort louable, mais autrement qu’Aristote lui-même ne s’est compris. Il s’appuie d’abord sur l’Organon, puis sur les autres ou-