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regrettables et certainement les plus innocentes. Il attaque le système entier d’Aristote ; il consacra sa vie presque entière à le discuter et à le contredire, et ce fut surtout à la logique qu’il s’attacha. Mais au fond, il n’en avait pas moins d’admiration pour celui dont il se faisait l’adversaire, et souvent même il alla jusqu’à prendre sa défense contre des critiques injustes et passionnées. Si donc il apportait dans la lutte beaucoup d’ardeur, et par suite un peu d’aveuglement, il y apportait aussi la plus parfaite loyauté, et sa discussion n’eut jamais cette violence que Nizzoli, Patrizzi et tant d’autres firent éclater dans les leurs. Mais Ramus avait le malheur d’être le premier qui montait à ce rude assaut, et il eut le sort de presque tous les gens de cœur : il fut tué aux premiers rangs.

Comment Ramus engagea-t-il le combat ? Par une faute assez grave. Sans parler de ses épigrammes perpétuelles, et aussi inutiles que dangereuses, contre les aristotéliciens de son temps, il cherche d’abord à prouver qu’Aristote n’est pas l’inventeur de la logique ; il remonte jusqu’à Prométhée, chez les Grecs, et Noë, chez les Hébreux, pour découvrir la source de la science ; et avec la manie d’érudition bizarre dont son goût aurait dû le défendre, il en appelle à la fois, pour prou-