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que dans la foi. Les novateurs religieux ne prirent pas même les devants sur les novateurs philosophiques ; mais, par la nature des questions, ils arrivèrent plus vite à un éclat, et le combat qu’ils devaient soutenir fut plus tôt et plus sérieusement engagé. Mais dans le domaine de la science, si les révolutions sont plus lentes, elles sont aussi beaucoup plus profondes et plus durables. Aristote y dominait sans partage ; et même lorsque l’antiquité mieux connue vint apporter, à côté de cette grande autorité, des autorités nouvelles, celle-là n’en resta pas moins la plus puissante de toutes. Dans la science aussi bien que dans la foi, les principes étaient donnés ; l’esprit humain devait les recevoir et s’y soumettre. Aristote était devenu comme un prophète, presque un évangéliste ; son texte n’était guères moins sacré que la Bible même, et le maître de l’École était certainement beaucoup plus respectable pour ses partisans qu’un père de l’Église. On pouvait discuter saint Augustin, saint Thomas ; on ne discutait pas Aristote, on le citait. Il faut ajouter que cet Aristote si vénéré ressemblait fort peu à celui que nous connaissons. Cinq ou six siècles d’études patientes, mais peu éclairées, l’avaient étrangement défiguré ; et sous le costume dont les commentaires et les interprétations de tout