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germe des fruits parfois blâmables qu’il a portés. Platon et Kant ont toute raison contre Aristote : l’universel, de quelque façon qu’on le considère, ne peut du tout sortir du particulier. Un nombre de faits particuliers, même infini, ne peut jamais donner légitimement une notion universelle, un principe ; et il faut reconnaître ici sans hésiter qu’à l’élément sensible s’ajoute un élément tout à fait distinct, supérieur, puisque la science cherche surtout l’universel, tout le monde en tombe d’accord, et que cet élément distinct et supérieur ne vient que de l’entendement.

On conçoit du reste comment même une erreur sur ce point fondamental, n’entraînait pour ainsi dire aucune conséquence fâcheuse dans le système d’Aristote. Il pouvait se tromper sur l’origine et la formation des principes, sans que la théorie de la déduction, qui apprend à tirer une conclusion d’un principe, fût altérée en rien. Le principe étant donné, avec les caractères indispensables qui le font ce qu’il est, on peut faire voir avec pleine vérité, et Aristote l’a fait ainsi, comment le syllogisme l’emploie pour parvenir à la science démontrée. D’où vient ce principe ? c’est une question tout autre, dont la solution n’importe pas à la première, et qui sans péril peut être tranchée faussement. La théorie de l’universel,