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veiller en nous, comme le veut le philosophe grec, soit pour l’y mettre en action et la compléter, comme le veut le philosophe de Kœnigsberg. Mais la sensibilité, toute nécessaire qu’elle est, n’est pas seule à l’être, et réduite à ses propres forces, elle est absolument impuissante, tout comme le serait l’esprit avec les facultés qu’il possède, si rien ne venait du dehors le tirer de son oubli ou de son inactivité. Pour Aristote, au contraire, la sensibilité semble être à peu près tout ; elle donne tous les éléments sans exception, et le rôle de l’esprit se borne à unifier ce qu’il y a d’identique et d’indifférent, dans toutes ces impressions que les objets particuliers viennent faire sur lui. L’entendement est presque entièrement passif pour Aristote ; pour Platon, il est surtout actif ; pour Kant, il est plus actif que passif.

Quant à nous, qui sortons à peine de ces grandes discussions de l’école sensualiste et de celle qui l’a renversée, nous devons savoir mieux que qui que ce soit ce qu’il faut penser de cette question. Les efforts qu’a faits l’école de la sensation, pour faire sortir de la sensation la science tout entière, ont été radicalement vains ; et sans recourir aux lumières que l’antiquité nous avait laissées sur ce point, l’école Écossaise et Kant