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pouvons le demander à Descartes, à Port-Royal, à Malebranche, au dix-septième siècle tout entier, à Leibnitz, témoin le plus impartial et le plus éclairé de tous. N’en appelons point à Bacon, dont l’imagination passionnée s’emporte à l’invective. Mais tous ces grands esprits sans exception, que nous disent-ils des résultats de la logique, encore assidûment cultivée de leur temps ? Ils nous répondent tous par des accusations unanimes contre le syllogisme, appliqué comme on le faisait alors. Ils nous répondent bien mieux encore par ces tentatives plus ou moins heureuses qu’ils ont toutes faites, pour substituer aux anciennes méthodes une méthode nouvelle, et s’ouvrir des routes tout à fait ignorées à la recherche et à la découverte de la vérité.

À côté du témoignage de l’histoire, ne pouvons-nous pas en placer un autre beaucoup plus clair et bien moins récusable ? N’est-il pas évident que la justesse de l’esprit ne tient pas à la culture qu’il a reçue ? que la nature et Dieu font en cela beaucoup plus que les enseignements et les habitudes, et que la logique ne peut pas plus, avec ses formules, toutes vraies qu’elles sont, redresser un esprit naturellement faux, que l’art du médecin ne peut refaire les tempéraments débiles ? La logique n’a même presque jamais élevé ses prétentions