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LES OISEAUX. 81

gosse, t'honorent et te font présent de cette couronne d'or.

PISTHÉTÉRUS.

Je l'accepte. Mais pourquoi les peuples m'nonorent-ils ainsi ?

LE HÉRAUT.

Ah, glorieux fondateur d'une ville illustre, d'une ville aérienne, tu ne sais pas combien les hommes ont de véné- ration pour toi ; combien de gens sont envieux de cet heureux climat oii tu as fixé Ion séjour. Avant que tu eusses bâti la grande ville de Néphélococcygie, tous les hommes ne respiraient que Lacédémone ; chacun affectait les manières des Lacédémoniens : on laissait croître ses cheveux, on mourait de faim, on vivait h la Socrate. Per- sonne ne sortait qu'avec un bâton à la main. A présent, tout le monde est revenu de cette maladie ; on ne respire plus que les oiseaux, on en est fou; en un mot, on est tellement transporté en leur faveur, que tout ce qu'on fait, on le fait à leur exemple. D'abord, on déniche de grand matin, comme nous faisons nous autres pour aller chercher notre nourriture. On vole droit aux affiches, et on y dévore les arrêts du peuple. On est tellement pos- sédé de cette manie que la plupart des hommes se sont fait donner des noms d'oiseau. Certain cabaretier boi- teux s'est fait nommer Perdrix. Ménippe n'est plus connu que sous le nom d'Hirondelle. On nomme l'Opuntien, le Corbeau ; Philoclès, l'Alouette ; Théagène, l'Oie-Renard ; Lycurgue, l'Ibis; Chéréphon, la Chauve-Souris; Syraco- sius, la Pie; Midias, la Caille, parce qu'il a l'air d'avoir la tète écrasée. C'est cette même passion pour les oi- seaux, qui fait que, dans toutes les chansons qu'on chante aujourd'hui, il est fait mention de quelque oiseau, comme II. 5*

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