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LES OISEAUX. Tl

les narines des merles; il rassemble des pigeons qu'il en- ferme dans un filet et qu'il force à piper les autres. » Voilà notre édit. Si quelqu'un tient encore des oiseaux captifs dans sa cour, qu'il les lâche. Ceux qui n'obéiront pas à cet ordre seront saisis par les oiseaux; charge's de chaînes, ils serviront à leur tour à piper les autres hommes.

Bienheureuse la race des oiseaux ! L'hiver nous n'avons pas besoin de manteau; l'été nous n'avons pas à souffrir de la canicule. Dans les vallons fleuris, sous le frais feuil- lage, nous nous reposons, tandis que la cigale, brûlée par le soleil de midi, pousse ses cris perçants. Nous passons l'hiver dans les antres profonds, où nous jouons avec les nymphes des montagnes; au printemps, nous butinons les tendres baies du myrte, cher aux vierges, et les fruits des jardins cultivés par les Grâces.

Je veux maintenant m' adresser aux juges de ce con- cours. S'ils nous accordent le prix, ils recevront de nous des dons plus précieux que n'en reçut Paris. Et d'abord, chose vivement désirée de tous les juges, les chouettes * du Laurium ne vous manqueront jamais; elles habiteront vos maisons, feront leurs nids dans vos bourses et y pon- dront des petits. En outre, vous serez logés comme les dieux, car nous élèverons au-dessus de vos demeures un fronton en forme d'aigle '. Si vous devenez magistrats, et que vous vouliez voler, nous donnerons à vos mains les serres crochues d'un épervier. Quand vous irez dîner en ville, nous vous munirons d'un jabot. Mais si vous devez voter contre nous, ne manquez pas de vous faire faire des

��* Il y avait une chouette sur les monnaies d'Atliènes.

2 Jeu de motà intraduisible. Le mot Rrec sisnifie ai"le et fr/

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