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d’arrêter ces désordres et de procurer de plus grands biens aux hommes.

LA PAUVRETÉ.

Ô vous qui, de tous les hommes, êtes les plus disposés à radoter, compagnons de radotage et d’extravagance, si ce que vous désirez arrivait, vous n’y trouveriez pas votre compte, car si Plutus voyait clair comme autrefois, il se donnerait à tous également, et il n’y aurait plus personne qui se souciât d’apprendre les arts et les métiers, ni qui voulût les exercer. Cela posé, qui voudra être forgeron, construire des vaisseaux, être tailleur, charron, cordonnier, briquetier, blanchisseur, corroyeur, ou fendre le sein de la terre avec la charrue pour recueillir les fruits de Cérés, si chacun peut vivre dans une lâche paresse et n’est point obligé de travailler ?

CHRÉMYLE.

Tu radotes. Tout ce que tu nous dis là, nous le ferons faire par nos esclaves.

LA PAUVRETÉ.

Hé ! comment en aurez-vous des esclaves ?

CHRÉMYLE.

Nous les achèterons, vraiment.

LA PAUVRETÉ.

Et qui sera celui qui en voudra vendre, s’il a de l’argent aussi bien que vous ?

CHRÉMYLE.

Quelque marchand de Thessalie, ce pays où il y a tant de marchands d’hommes.

LA PAUVRETÉ.

Mais plus personne ne voudra faire ce vilain commerce,