Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/448

Cette page a été validée par deux contributeurs.

autant, sans me répondre le moindre mot. Mais enfin, mon maître, il n’y a plus moyen que je me taise, si tu ne me dis pourquoi il faut que nous suivions cet homme, et je m’en vais te tourmenter, car je crois que tu ne voudrais pas me battre, au moins pendant que j’aurai cette couronne sur la tête[1].

CHRÉMYLE.

Non, par Jupiter ; mais je t’ôterai ta couronne si tu me fâches, et il t’en cuira davantage.

CARION.

Bast ! Je ne te laisserai pas en repos que tu ne m’aies dit enfin quel est cet homme. C’est par pur intérêt pour toi que je te le demande.

CHRÉMYLE.

Je ne veux pas te le cacher davantage, car je vois bien que de tous mes serviteurs tu es le plus discret et le plus… rusé. Tant que j’ai été pieux et honnête, je faisais mal mes affaires et j’étais misérable.

CARION.

Je le sais.

CHRÉMYLE.

J’ai vu enrichir les sacrilèges, les rhéteurs, les délateurs, en un mot, tous les scélérats.

CARION.

Cela est vrai.

CHRÉMYLE.

Enfin je suis allé à l’oracle, bien convaincu que toutes les provisions d’un pauvre homme comme moi étaient à

  1. L’usage était, en revenant du temple d’Apollon, d’être couronné de laurier. Ceux qui portaient ces couronnes étaient presque regardés comme sacrés.